C’est donc la fin. Le dernier album du DUC est disponible. De ses débuts en 1994 avec Lunatic à aujourd’hui, Booba a fait du chemin : 10 albums studio, plus de 100 featurings et pas des moindres, 3 disques d’or, 3 disques de platine dont un triple platine avec Trône, une apparition en octobre 2003 dans la « nouvelle revue française » en hommage à son écriture digne des plus grands écrivains qu’a connu la France, une longévité unique dans son domaine. Bref, quelque soit les clivages d’opinions dont il est victime, Booba a traversé et conquis les générations, Booba a façonné le rap à sa manière et l’a placé au statut de genre musical le plus écouté. Booba est une légende du rap français et personne n’est prêt à ce qu’il s’en aille. Avant la sortie de son dernier opus, le natif de Boulbi prépare ses armes à travers une promo dont seul lui a le secret : des déclarations qui font parler de lui « 80 000k en première semaine », une apparition dans l’émission « C ce soir » sur France 5 et pour couronner le tout, quelques heures avant la sortie de son projet, il était l’invité star d’Hanouna sur TPMP. Avec son album « ULTRA », B2O nous livre un album intimement lié à son personnage, un homme aux positions affirmées, aux avis tranchés et souvent à l’extrême : « je peux être très très gentil sur certains sujets comme je peux être très très méchant sur d’autres » prônait-il sur Brut. Voilà donc la signification de son dernier album, dont l’association avec la signification de la cover, où l’on voit un Booba, regards tranchant sur sa carrière, montre l’assurance et la fierté du travail proposé depuis plus de 20 ans. « J’arrêterais quand il le faut, je ferai pas un album de trop » disait-il sur « Game Over » en 2008. Le temps est passé, les tops 1 se sont accumulés, et Booba a régné et pour ceux pensant qu’après « ULTRA » le trône sera libre, attendons les nouveaux poulains que Booba va pousser au sommet. Pour en revenir à l’analyse musicale, voilà ce que nous avons penser de son ultime album.
Après écoute, une impression majeure ressort : c’est bel et bien le dernier album du Duc et il le fait ressentir. Il multiplie les phases où il prend du recul sur sa carrière remarquable de longévité. « J’respecte pas les anciens ni les nouveaux je suis l’ancêtre » chante-il dans « GP », son intro, qui a vraisemblablement mis tout le monde d’accord au vu de la performance proposé par Booba. Une longévité étonnante, une réussite qu’il ne doit qu’à lui-même et il en est conscient : « Jamais mordu la main qui m’a nourri, normal c’est la mienne » chante-il sur « l’olivier ». Le morceau « vue sur la mer » avec Dala est le parfait exemple de la nostalgie de fin de carrière qui émane de l’album. En effet, tout au long des 14 titres, le duc est fidèle à lui-même. Des textes travaillés, des rimes amer, tranchantes, le tout surplombé par une confiance en soi parfaitement maitrisé par l’artiste. De plus, l’engagement présenté par Booba au cours de sa carrière ne déroge pas sur cet album, on voit un artiste engagé et aux avis bien tranchés, quitte à choquer : « ils font la guerre avec des chars, on pose des carrés sur Insta » sur « Ultra », titre éponyme de l’album, ou encore « voter batard c’est pourri » sur son featuring avec Maes. Booba sait choquer et cela grâce à son excellente maitrise de la punchline imagé, des « métagores » comme l’avait caractérisé le journaliste de la revue française. En effet, le fondateur du 92i est cru dans ses paroles mais c’est donc par ces textes imagés que le DUC a été, durant toute sa carrière, comparé à un poète. Cependant, Le paradoxe est palpable, malgré une opposition entre des textes décrivant la violence de la vie qu’il observe : « la facture de la vie c’est pas celle de Numericable » sur « 5G », le duc sait aussi maitriser l’autotune et les instrus mélodieuses notamment sur le titre « Je sais » (déjà sortie il y a 6ans), ce qui a pour résultat une alchimie parfaite. A travers cet album, le Duc nous montre qu’il est l’un des plus grands rappeurs français « 25 ans d’carrière, personne m’a eu vasy tente ». La phrase peut certes paraitre arrogante mais elle se voit avérée. Sur ce dernier album, il a su démontrer une palette musicale variée tout en restant l’icône que sa carrière représente pour la musique française.
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Au niveau de ses collaborations, souvent critiquées sur les réseaux sociaux, Booba s’est entouré de ses protégés, de l’avenir du 92i, et le pari semble réussis. Sur son feat avec Elia, jeune artiste, Booba a pris des risques et le résultat est une réussite : un piano voix, un morceau chanté qui ne situe pas dans la zone habituelle de confort du duc mais où l’alchimie a parfaitement fonctionné. Hormis ce feat Booba a également performé sur son terrain. Le featurings sont pour la plupart des réussites : « Mona Lisa » avec JSX où les deux rappeurs nous livre un passe-passe mélodieux, « Bonne journée » avec SDM où les deux rappeurs nous proposent une prestation puissante, où les phases tranchantes s’enchainent. D’une autre part, Booba s’est entouré de valeur sur en la personne de Maes, Gato et Bramsito. Le titre « dernière fois », en featuring avec Bramsito est le dernier morceau de l’album et la nostalgie est présente « laissez-moi chanter la liberté, l’inégalité une dernière fois ». Une instrumentale aux allures mystiques, le dernier couplet de Booba sur son dernier album, un excellent couplet de Bramsito, le dernier morceau est une vraie réussite. En effet, ce morceau apparait comme le plus émouvant de l’album. Pour finir sur les featurings, il y a également le morceau avec Dala qui s’adapte parfaitement à l’univers de Booba et celle plus globale du 92i. Un morceau qui s’avère donc solide. Enfin, les aprioris sur la tracklist du Duc étaient nombreux, mais comme à son habitude, Booba est présent dans les grands rendez-vous.
Dans l’ensemble, ce dernier album n’a pas failli et il se présente comme une réelle réussite. La nostalgie est évidemment présente mais le duc se retire en légende et il vaut mieux comme ça. Pour la suite, quelques singles, une série de 4 saisons où Booba joue rôle de producteur et d’acteur et enfin et évidemment : il va produire tout ses petits protégés, faire ses preuves et les emmenés au sommet, comme il l’a fait tout au long de sa carrière.
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