Frero 110GN est de retour avec un nouveau projet Dystopique. En effet, Frero 110GN marque son grand retour avec son EP Elysium. Celui-ci se compose notamment de quatre morceaux disponible sur les plateformes de streaming. Dans le cadre de la sortie de son nouveau projet, on a eu l’occasion de s’entretenir avec Frero 110GN. En effet, le rappeur revient sur son parcours, son nouvel EP et ses futurs projets. On vous laisse découvrir l’interview juste ici:
Qui es-tu ? D’où viens-tu? Et où et quand es-tu né?
Je viens de Strasbourg mais je suis d’origine haïtienne. J’ai grandi dans l’Est, je suis un ancien du coin qui a pas mal vadrouillé. Je suis un rescapé des années 70, membre fondateur du groupe La Mixture et du collectif Sans Pitié. On m’appelle “Frero” depuis toujours. En effet, j’ai toujours été à l’aise partout. Où que j’aille on m’adopte naturellement comme un “frero”.
En 2018 je fais mon retour dans le rap français. C’est à ce moment que je rajoute 110GN (« indigène ») à Frero. Cela me permet de me différencier d’autres “frerots” usurpateurs. Comme les Delavega et autres. Je souhaite également moderniser mon nom avec un matricule.
Quand et comment t’as commencé le rap ?
J’ai commencé le rap dans les années 90. Strasbourg est une ville frontalière de l’Allemagne. À l’époque, il y avait encore pas mal de bases américaines et mon cousin Torch et son groupe Advanced Chemistry étaient des pionniers du rap allemand. À cette époque quand ils sortent leur disque je commence à peine les tags. Puis il décident de monter un studio et leur label 360°. Il signent également en Major chez V2 Music. Puis avec mon équipe on se met au rap à cause de l’influence de la scène parisienne. Mais également avec la vibe allemande qui a beaucoup de bases américaines.
C’est comme ça que naît le groupe Color qui devient ensuite La Mixture. Il se compose notamment de Kadaz, Moz, Dj Zum, Dj Az, puis Dj Antar. Et c’est dans l’entourage que se construit le Sans Pitié avec des groupes comme Chenapans et Klaxatip avec les freros Shakeem, Sianard et Dj Nelson (qui sera plus tard DMC world champion). À cette époque on va souvent en Suisse et on rencontre notamment le groupe IAM.
Le groupe « concurrent » de l’époque dans notre ville c’est les NAP. En effet, c’est le groupe de Abd al Malik. On se retrouve notamment sur les mêmes scènes de quartiers – Hautepierre, Kronenbourg, centre ville, Quartier Gare, Neuhof .. À l’époque les politiques et le PS essayent de récupérer le rap pour influencer et « calmer les jeunes ». Mais on reste malgré tout assez indomptables. À ce moment on profite surtout des opportunités sans voir plus loin. On sera même interdit de concert au centre ville. Effectivement, à cause de textes soi-disant trop « violents ».
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Notre 1er Maxi 3 titres s’appelle « Les Têtes à Battre ». Le buzz se fait tout seul avec une campagne promo à base de stickers et par le bouche à oreille. Plusieurs titres se retrouvent sur des mixtapes parisiennes dont celles de Cut Killer. Ensuite, on place le titre « Le Dos au Mur » sur la compilation « Opération Freestyle ». Ainsi que sur l’EP « Le Prologue » de Cut Killer. On est en 98 ou en 2000 et nous voilà présents parmi le gratin du rap français. Ce disque s’écoule à plus de 100.000 exemplaires physiques. Ce qui nous ouvre beaucoup de portes.
Puis on réalise une tournée nationale avec d’autres groupes de la compile comme Oxmo, Fabe, Al & Dj Duke (RIP), KDD, RimK. Ainsi que le 113, la Fonky Family et beaucoup d’autres.
A la même période le cousin Torch cartonne avec son groupe de l’autre côté de la frontière. Leurs clips passent sur Viva, MTV etc.. On a des titres en commun en prod et en feat, ce qui nous permet de rentrer sur le marché allemand et suisse beaucoup plus facilement. Chaque weekend on tourne en France et à l’étranger. On connait notamment l’époque de Moda & Dan à Ticaret, Koma, Fabe et la Scred, La Cliqua. C’est l’occasion de retrouver le groupe La Mixture sur le titre « Sans Faire Couler le Sang » de la Fonky Family. On apparaît aussi en solo sur plusieurs projets du groupe La Rumeur ou de Kertra (Express Di).
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du rap ? Tu faisais quoi avant ?
Ça vient assez naturellement. En effet, c’est une manière d’exister après la période tag en ce qui me concerne. Nos modèles à cette époque ce sont les américains. Comme Public Enemy puis 2Pac, Biggie, Mobb Deep, Nas. Ainsi que QB, D Block, G-Unit. Mais également Dre, Ice Cube, Dogg Pound, The Game. Auparavant j’ai tout de même une période reggae-ragga. On essaye de garder un pied dans les cours. Cependant on a nos biz d’ados en recherche de repères dans une société qui semble fermée et pleine de préjugés. On a perdu pas mal de soldats.
L’élément déclencheur c’est peut-être suite à un voyage à New York. C’est la-bas que je vois Mobb Deep, et 2Pac et Biggie chanter ensemble en live dans un club de 300 personnes dans une ambiance très tendue, au club The Muse.
Quelles sont tes influences musicales ?
J’ai toujours accroché sur l’innovation dans le rap. Malgré ma base oldschool 90’s, je garde toujours un oeil sur les nouveautés et l’évolution dans le rap au niveau des beats et des flows.
Le rap évolue constamment ; il y a un esprit de compétition dans la créativité. Je peux écouter en boucle des sons de Future, Rick Ross et Drake. Ainsi que Lil Baby, NLE Choppa ou Lil TJay. Mais je peux ensuite revenir à la base sur du 2Pac, Biggie, Nas ou Mobb Deep qui restent indémodables.
J’ai aussi une base musicale qui vient de la culture du sample et de la musique qu’on écoute dans les fêtes de famille – Compa, Zouk, Soul, Funk, chanson française ainsi que le Jazz-Rock. C’est en apprenant en autodidacte qu’on apprend de nos erreurs. Au niveau du rap français je suis proche de La Rumeur, Secteur A, IAM, Lunatic Booba-Ali. Mais également, Casey, Oxmo, 113, RimK, et Kery James.
Comment décris-tu ton univers artistique ?
J’essaie d’avoir une approche très personnelle de l’écriture qui me permet de partager des expériences, des émotions, des craintes, des rêves ou des ressentis dans lesquels on peut finalement tous se retrouver. Au niveau musical, une journaliste avait écrit qu’on faisait du « vintage moderne » et ça correspond assez bien à ce qu’on produit.
Sur quel Label es-tu signé?
Actuellement je suis en indé sur le label Blocos Music Ent., qui est partenaire de la chaîne G-Islands Filmz. Pour la distribution je suis chez Believe.
Aujourd’hui tu sors ton nouveau projet un Ep de 4 titres intitulé “Elysium”. Peux-tu nous en dire plus sur l’élaboration du projet ?
On est en mars 2020, dans l’ambiance anxiogène d’incertitude totale au début du confinement. Mon pote Whoisfreestyle m’envoie un de ses beats qui s’appelle « Self Quarantine ». L’ambiance esthypnotique ce qui correspondait vraiment à l’ambiance du moment. J’écris dessus et j’enregistre chez moi. Quand mon fils et ma femme entendent le son ils comprennent de suite la mélodie du refrain. Il me demandent de chanter dans le refrain. Ce qui colle parfaitement. En effet, ça donne une autre dimension au refrain.
Ensuite je remixe un peu le beat avec Kalu (mon ingé son), et on a travaille sur une 2ème partie qui est sensée être la suite de l’histoire. En effet avec un côté plus positif dans l’espoir de rejoindre Elysium. Il s’agit d’une zone du monde où la vie est douce, un peu comme dans le film Time Out.
Sur le titre Contagion, je regroupe des extraits de discours et de témoignages des quatre continents. En effet, je veux montrer qu’aujourd’hui tout est lié et qu’on doit s’en sortir ensemble au niveau mondial, sinon on tombera tous ensemble. Et le dernier titre 1XGN Minoritaire est plus politique avec un refrain chanté en créole sur une musique de Melodic Drill.Je collabore notamment un producteur qui a travaillé avec Fivio Foreign, Young MA et autres.. On décide également de rajouter des extraits du discours de Greta Thunberg qui rentrent parfaitement dans cette ambiance chaotique.
« 1XGN Minoritaire » c’est une allusion au titre d’un livre assez caricatural qui s’appelle « République Minoritaire », écrit par un ancien maire de Strasbourg. Il ne faut pas inverser les rôles. Aujourd’hui pas mal de politiques parlent de communautarisme et d’insécurité alors q’ils sont à l’origine du communautarisme. En effet, en regroupant les « minorités » dans les mêmes blocs, les mêmes quartiers.
Quelles seraient les meilleures conditions pour écouter ta musique ?
Pour écouter ce projet ELYSIUM, tu t’installes dans un canapé, dans une gova ou en studio si tu peux. Mais il te faut un gros système de son ou un bon casque, lumières tamisées, un peu high et tu repenses à tout ce qu’on a vécu ces dernières années. J’ai toujours été fan des films dystopiques et des drames coréens. Je souhaite retranscrire ces ambiances en musique et en images à ma manière.
Est-ce-qu’il y aura un album par la suite ?
On a de quoi sortir un album, mais avec le système actuel je pense qu’on va continuer dans les prochains mois à sortir des singles avec quelques featuring. Avec notamment Dag Shock de Strasbourg et C-Push (Original Pirates) de Mada. Par ailleurs, j’ai plusieurs apparitions sur des gros albums de rap français qui doivent sortir pour la rentrée.
Quel est ton objectif dans la musique ?
Plus de reconnaissance, des projets de plus grande ampleur, plus de collabs et plus d’argent. En fait, je ne suis pas la caricature du jeune rappeur de 18 ans qui rêve de percer.Je vis de la musique depuis des années et je travaille en international depuis plus de 10 ans avec pas mal de gros noms, en restant souvent dans l’ombre. J’ai le rôle de « plug » pour pas mal de projets. En 2020, j’ai fait signer plusieurs titres internationaux en major pendant le covid avec des noms comme Jillionaire de Major Lazer, Teja (artiste de Trinidad), Mc Fioti.
Je travaille depuis des années sur des tournées ou des apports d’affaire avec des artistes comme Rick Ross, Sean Paul, Lloyd Banks, The Game. Ainsi que Lil Kim, Dogg Pound, YG, Ace Hood, Jeremih. Mais également Ayo& Teo, Rich The Kid, Dutchavelli … Je m’implique aussi dans le développement du Trap Créole.On bosse avec G-Islands et Blocos Music sur le développement de l’artiste Tency 971.
Si tu exploses commercialement dans la musique, quelle est la première chose que tu ferais ?
Sans faire le prétentieux, au stade où j’en suis et avec ce que j’ai vu dans ce milieu, je suis dans un autre état d’esprit. J’ai trop vu l’envers du décor. J’ai travaillé avec des artistes qui avaient un succès commercial mondial, et qui pouvaient passer aux oubliettes 1 an après. Tout dépend comment tu exploses commercialement. Si c’est en signant un contrat d’esclave avec un label qui te mange 90% de tes gains, qui te presse comme un citron et que tu te retrouves à faire le zulu sur de la soupe dans des émissions où on te prend pour un guignol, sans avoir aucun contrôle, c’est pas trop intéressant.
Je suis plus dans l’état d’esprit de bien gérer ses affaires pour arriver à maîtriser son business et le succès qui va avec. Je suis déjà dans un large réseau avec des partenaires solides.Niveau business, je respecte les parcours de mecs comme Booba. Mais également La Rumeur qui produisent des films avec leur vision et des bons budgets, Demi-portion qui a tout monté par lui-même, Freeze Corleone, Youssoupha et son label. Ainsi que des stratégies comme PNL, des business model comme Rick Ross .. voilà ce qui me fait rêver !
Le mot de la fin ?
Rester lucide car rien n’est jamais acquis.
Avec son EP Elysium, Frero 110GN marque son grand retour. Et on peut dire que c’est plus qu’une réussite. Frero 110GN réalise une très belle performance avec ce nouveau projet. On vous laisse le découvrir juste ici:
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