Après le succès de Trinity, Laylow délaisse l’ambiance futuriste et cyberpunk de son premier album pour L’Étrange Histoire de Mr.Anderson, un disque introspectif faisant le parallèle entre réalité et imagination.
Un court-métrage pour annoncer l’album
En préambule, l’artiste toulousain a dévoilé un court-métrage de 20 minutes permettant de faire connaissance avec « Jey », surnom de Laylow et « Mr.Anderson », alter-ego créatif que l’on retrouvera de manière récurrente dans l’album. Une mise en scène faisant référence à Matrix, inspiration assumée dans Trinity mais également à Edward aux mains d’argent ou encore Fight Club.
Une spirale infernale
L’Étrange Histoire de Mr.Anderson nous plonge dans le quotidien de Jey dont il souhaite s’échapper grâce à ses rêves. Cependant, la vie nocturne entraîne notre protagoniste dans une spirale dont il peine à s’échapper. La nostalgie, le manque d’argent et la galère sont les thèmes récurrents des premiers morceaux de l’album laissant rapidement comprendre ses états d’âmes. Son double tente se fait entendre à l’intérieur des toilettes du club où Jey passe la soirée mais également au cœur d’une épicerie. Une voix que notre héros s’entête à refuser, poursuivant son chemin de croix. Toutefois, des titres comme « R9R-Line » et du double hommage à 50 Cent apportent des couleurs à cette première partie sombre. Une lueur d’espoir est même à entrevoir à l’image de l’interlude avec le vigile où Jey affiche ses ambitions. Mais la réalité va vite rattraper les espoirs de ce personnage complexe.
La violence au cœur de l’album
Si des sentiments comme la tristesse et l’amertume se font ressentir, c’est bien la violence qui est au cœur du second album de Laylow. Tout d’abord avec l’auto-destruction de Jey à cause des mauvaises fréquentations et de l’alcool. La violence psychologique est également présente par le biais des relations houleuses avec ses parents, des doutes de ses amis concernant sa réussite et surtout de la voix insistante de Mr.Anderson. Enfin, la violence physique a une place très importante à l’image de la rixe dans le titre « VOIR LE MONDE BRÛLER », des violences policières sur « LOST FOREST » renforcé par un dialogue glacial et un sample de N.W.A et des violences conjugales du titre « HELP !!! »
Mr.Anderson, la voix de la raison
Dans ce mélange de rêve et de réalité aux allures de cauchemar éveillé, Mr.Anderson apparaît comme la voix de la raison, la seule à connaître les capacités de Jey. Si la prise de contact semble difficile entre les deux, le suicide à la fin du morceau « SPÉCIAL » finalement maquillé en mauvais rêve va servir de déclic à Laylow. Un changement appuyé dans les titres suivants permettant une fin d’album apaisé, laissant ses démons derrière lui et déterminé à mettre son potentiel créatif à profit.
Des prises de risques assumées
En clair, L’Etrange histoire de Mr.Anderson est un album déstructuré à l’image de la vie du personnage décrit tout au long des titres. Si les interludes sont globalement réussis, il n’est pas certain qu’elles donnent envie d’écouter le disque en boucle. Quant aux invités (Nekfeu, Alpha Wann, Damso, Slowthaï…) présents sur l’album, s’ils laissent transparaître une volonté à Laylow de franchir un cap commercial, ils ont su parfaitement s’intégrer à l’univers si particulier de l’artiste. Avec ce second album, Laylow passe définitivement un cap et s’affirme comme l’une des têtes d’affiches du rap français.